les situations qui déterminent souvent les vertus et les vices[1].
Enfin il y a des suppressions de notes constantes et considérables. Malesherbes avait retranché dans l’édition de Paris les sévères remarques sur le procès de La Bédoyère en donnant longuement ses raisons[2]. Les raisons parurent bonnes sans doute à Jean-Jacques car il supprime lui aussi dans l’édition de 1763. Une note brève de 1761 interpellait l’homme au beurre[3]. Allusion singulière et inexplicable, avant la publication des Confessions, pour le lecteur et même pour les familiers ; si étrange même que Lorenzi lui écrit en lui demandant pour Mme de Boufflers des explications[4]. Rousseau supprime la note. On pourrait ainsi expliquer bon nombre de ces repentirs renonçant à des remarques qui ne se trouvent pour la plupart ni dans les brouillons, ni dans la copie Luxembourg. Les raisons seraient parfois plus mystérieuses, car l’édition de 1763 omet cinquante-cinq notes, la moitié de celles de 1761.
Au total ce sont des modifications nombreuses et parfois si intéressantes qu’on ne saurait être trop certain qu’elles sont bien dues à Rousseau lui-même. Or sur cette édition Rousseau ne s’est pas expliqué. Il l’a eue très certainement entre les mains puisqu’il écrit à Rey en 1764 que dans l’exemplaire de ses œuvres il lui man-
- ↑ 1763. t. II p. 117.
- ↑ II, 13. Streckeisen-Moultou, J.-J. Rousseau, ses amis et ses ennemis. Paris, Calmann-Lévy, 1865, 1, II, p. 407.
- ↑ V, 7. p. 238.
- ↑ Lettre du 12 mars 1762 à la Bib. de Neuchâtel. Sur « l’homme au beurre », voir les lettres à la Mise de Menars, au comte de Lastic et à Mme d’Épinay du 20 décembre 1754 (X, p. 93-94.) L’édition Duchesne de 1764 supprime d’ailleurs également cette note.