Il y a mieux. Les affirmations de Rousseau qui s’échelonnent de 1764 à la fin de sa vie, ne sont pas l’exacte expression de sa constante pensée. Si l’on se bornait à réimprimer la première édition on oublierait ou l’on maintiendrait bien des choses que Rousseau crut essentielles ou fâcheuses vers 1764 et vers 1769 tout au moins. Il y eut, en 1763, une édition qu’il dut juger meilleure que la première puisqu’elle était imprimée sur un exemplaire corrigé par lui.
Dès février 1761, dès la mise en vente à Paris de l’édition d’Amsterdam, on parlait d’une nouvelle édition « corrigée de ses fautes et contre-sens[1] ». Coindet écrivait à Rousseau, vers la même date, pour lui parler d’une réédition[2]. Rey sans doute pensait comme l’opinion publique. Le 1er juin 1761, annonçant son intention de réimprimer Julie en trois tomes, il suggérait à Jean-Jacques de lui fournir les changements qu’il pourrait « y avoir fait, s’il y en avait quelqu’un[3]. » Le 17 août 1761 il revient à la charge, et le 2 septembre Rousseau lui répond : « J’ai un exemplaire revu et corrigé avec soin pour une nouvelle édition de l’Héloïse ; il y a même quelques petits changements, retranchements et additions. Je consens de bon cœur à vous l’envoyer. »
- ↑ Lettre de Dangirard à la Bibliothèque de Neuchâtel (22 février 1761.)
- ↑ Œuvres. X, p. 294. La lettre de Rousseau à Coindet qui fait allusion à cette réédition est non datée, mais mal placée. Elle doit être de février ou mars.
- ↑ Lettre inédite à la Bibliothèque de Neuchâtel. Toutes les lettres de Rey dont nous n’indiquerons pas la référence, sont empruntées à cette collection de Neuchâtel.