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PREMIÈRES ÉDITIONS DE LA NOUVELLE HÉLOISE

qu’il réédite l’édition de Hollande et non l’édition de Robin soigneusement émoussée par Malesherbes. De cette édition de Paris les exemplaires sont rares. Si médiocre que fut son édition, nul contrefacteur n’a voulu, par dessein ou par nonchalance, la reproduire. Les prudences de Malesherbes n’ont pas été suivies par les scrupules du commerce ; c’est dire qu’elles furent dédaignées par l’opinion.

Surtout ces longues et monotones recherches n’auraient pas été vaines quand elles ne nous auraient donné qu’un seul chiffre : cinquante éditions de la Nouvelle Héloïse publiées collectivement ou séparément avant 1800. Et même plus ces listes d’éditions s’allongent, plus elles risquent d’être incomplètes. Qu’un ouvrage ait eu une, deux ou trois éditions, il y a chance fort souvent pour qu’on arrive à ne pas s’y tromper. Qu’il en ait eu cinquante, cela signifie que d’innombrables lecteurs l’ont demandé à leurs libraires ; cela signifie aussi qu’en présence de ces demandes, partout où il y avait un éditeur audacieux, dans l’absolue liberté où l’on était de contrefaire un ouvrage imprimé en Hollande, il y a eu tentation de contrefaçon, il y a eu bien souvent contrefaçon. C’est dix, vingt, trente de ces éditions de province ou de l’étranger qui nous ont assurément échappé. En quarante ans il y a donc eu plus de soixante tirages de la Nouvelle Héloïse. La seule première édition a été tirée pour le moins à quatre mille exemplaires. Il n’est pas de roman contemporain de Rousseau qui ait clairement dépassé le dixième de ce chiffre. Il n’est peut-être pas d’autre ouvrage qui l’ait atteint. Si l’on y joint tout ce que nous apprennent les jugements des critiques et des journalistes, les anecdotes des Mémoi-