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met, Socrate, les Stoïciens, Spinoza, Rousseau, Kant, Schopenhauer, H. George, Ruskin. Mais c’est à Rousseau et à l’Evangile qu’il prétend surtout être redevable.

Voici en effet ce qu’il écrivait le 20 mars 1905 aux fondateurs de la Société Jean-Jacques Rousseau.

« Rousseau a été mon maître depuis l’âge de 15 ans. Rousseau et l’Evangile ont été les deux grandes et bienfaisantes influences de ma vie ».

Il appartiendrait à un théologien impartial de déterminer dans quelle mesure les idées de Tolstoï sont chrétiennes. Pour moi, je voudrais essayer d’établir les affinités qui existent entre Rousseau et Tolstoï dans tous les domaines de la vie. Peut-être réussirai-je à démontrer que le grand écrivain russe a continué l’œuvre entreprise par le citoyen de Genève.

Tolstoï poète sentimental.

Dans son traité : Poésie naïve et Poésie sentimentale, Schiller range Rousseau parmi les poètes sentimentaux. On peut, en se plaçant à son point de vue, appliquer à Tolstoï la même épithète. « Idéaliste » comme Rousseau, comme lui aussi Tolstoï réprouve l’anarchie et le désordre de notre société, le mensonge de nos mœurs, les artifices de notre civilisation, la déchéance de l’homme qui s’est éloigné de la nature. Il voit dans le retour a cette nature l’unique salut possible.

Mais Tolstoï n’a pas été mieux compris que Rousseau. On a fait de tous deux des contempteurs de la culture et du progrès : on les a accusés de vouloir ramener l’humanité à la barbarie. Je me suis efforcé de prouver dans mon étude sur l’Idéal moral de J. J. Rousseau