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de choisir mon temps pour écrire, j’en deviendrais bien plus exact ».

Le 3 février 1760, Mme de Verdelin répond :

« Vous m’avez proposé un marché très obligeant et vous devez être bien sûr, Monsieur, qu’à une telle condition on est pris au mot. Je voulais vous remercier et vous le dire, mais imaginez mon bon voisin que j’ai été garde-malade de mari, enfants, parents, que j’ai eu tout plein d’autres chagrins encore, qu’en vous écrivant, je n’aurais pu me tenir de vous le dire et je me souviens que vous me l’avez défendu. Voyez si je désire de vous déplaire puisque je me suis refusée la seule satisfaction que je pouvais avoir. Soyez sûr, mon très aimable voisin. que je suis trop intéressée à ne vous pas trouver de torts avec moi, et quoi que vous fassiez, vous n’en aurez jamais. Aimez-moi un peu, et mon époux qui vous est bien véritablement attaché Souffrez que notre marché subsiste. Comme je prends les plaisirs sans compter, vous serez sûr que je ne tiendrai pas registre de mes lettres, et vous voilà à votre aise pour le paiement »[1].

L’hôte de Montlouis répond incontinent :

« J’ai eu tout plein de chagrins que je n’aurais pu me tenir de vous dire, et je me souviens que vous me l’avez défendu. Vous vous souvenez de cela, Madame, et vous m’écrivez Jean-Jacques Rousseau ne veut donc pas que ceux qui l’aiment lui parlent de leurs peines Nous nous connaissons depuis si peu de temps que je ne pourrais vous pardonner de m’avoir cru capable d’une pareille bassesse d’âme quoiqu’à dire le vrai, si vous me connaissez si mal, pourquoi m’avez-vous recherché ? Mais

  1. Correspondance générale. T. V, p. 40.