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madame de verdelin

ne dit pas de bien de la façon dont vous vous ménagez, j’en suis en colère. On dit que vous ne dormez pas, que vous travaillez sans cesse, pour instruire des sourds, faut-il faire pleurer les gens qui vous connaissent et qui vous aiment ? Mon bon voisin, vos excellents livres ne feront jamais autant de bien que votre vertueux exemple. Vous saignez du nez, il faudrait prendre de l’orgeat. Je vous demande la permission de vous en envoyer, parce que j’ai un homme qui le fait très bien. Comme une étourdie, une présomptueuse, je pense que je puis bien prendre cette permission, et au reste, c’est votre faute. Vous saignez du nez et je vous déclare que si vous vous mettez en colère, cela ne fera qu’augmenter. M. de Verdelin est bien sensible à votre souvenir son rhume est à sa fin. Nous attendons l’un et l’autre, avec une grande impatience le moment de vous rejoindre »[1].

Rousseau remercie le 24 janvier 1760 et demande des nouvelles de la marquise. La réponse se faisant attendre, nouvelle lettre de Jean-Jacques :

« Je ne me sens pas indigne de votre souvenir, quoique toutes les apparences soient contre moi et que vous soyez en droit de me juger sur les apparences. Si je vous savais rétablie, je prendrais patience, mais cette maudite fluxion qui vous a coûté une dent m’inquiète ; je voudrais bien en apprendre la fin. Daignez, madame, ajouter ce pardon à tant d’autres, ne fût-ce que pour ne me pas même faire l’honneur d’être fâchée. Enfin à quelque prix que ce soit donnez-moi de vos nouvelles et de celles de M. de Verdelin. J’attends votre jardinier ; il n’est pas venu et je n’ose plus vous écrire par la poste, parce que vous ne me répondez jamais par la même voie. Elle me paraîtrait pourtant bien la plus commode, et quand je serais le maître

  1. Correspondance générale. T. V, p. 19.