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y a longtemps que le charme est fini et que je ne crains plus tristis amaryllidis iras.

« Je suis libre, Seigneur, et veux toujours l’être »[1].

Tel est l’homme que Mme de Verdelin aima pendant ses belles années. On peut dire honnête homme, car, malgré les railleries de Mme d’Epinay, il avait une âme droite. Fidèle admirateur de Jean-Jacques qui lui rendait son estime, il écrivait au philosophe :

« J’ai trouvé chez vous les consolations dont j’avais besoin, j’ai senti ce que vous dites que pour être heureux, il fallait cesser de demander aux autres ce que j’étais et m’interroger la-dessus moi-même j’ai vu que la solitude calme l’âme et qu’elle apaise les passions que le désordre du monde a fait naître. Voilà ce que vous m’avez fait connaître, mon cher voisin, il y a au milieu des raisonnements sublimes que vous employez une douceur ravissante qui va à l’âme »[2].

En compagnie de son ami Desmahis, qui dans les dernières années de sa vie se sentait dévoré de remords avec une peur terrible de l’enfer ils s’édifiaient mutuellement. Desmahis avait renoncé à la gloire, n’enviant personne, « content, disait-il, de vivre avec les grands hommes de mon siècle dans le cercle de l’amitié, je n’ambitionne pas d’être placé auprès d’eux dans le temple de Mémoire. Comme Desmahis, qui ne se croyait en sûreté que lorsqu’il

  1. Correspondance générale de J.-J. Rousseau. Th. Dufour et P.-P. Plan. A. Colin, éditeur. T. V, p. 13.
  2. Id. T. V, p. 331.