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madame de verdelin

petites choses. J’admirais tantôt le spectacle de la nature, je l’admirais en grand, les masses seules m’avaient frappée il ne s’arrêtait qu’aux détails. Je considérais la majesté du bois d’Epinay, il aurait volontiers compté les feuilles il les examinait chacune en particulier. Si quelqu’une présentait une forme un peu bizarre, elle n’avait aucun droit à son admiration voilà pourquoi il préfère sans balancer Racine à Corneille, l’opéra à la tragédie et Grandisson à Clarisse »[1].

Comme dit Faguet, c’était un « sot vernis », mais qui savait papillonner. Gauffecourt l’avait surnommé le « Syndic des galantins ». Mme d’Epinay en avait besoin pour l’amuser :

« II faut que je vous avoue, écrit-elle à Grim, que toutes ces belles dames et ce gentil Margency me déplaisent, le syndic cependant me fait rire mais qu’est-ce que rire quand l’âme est triste ! Elle n’en est que plus mal après cette convulsion ».

L" Marquise de Verdelin était tombée sous le charme. Comment eut-elle pu résister aux jolis vers de ce séducteur :

Amour, prépare tes couleurs
Je veux avoir le portrait de Thémire :
La nommer c’est assez te dire
Que j’offre pour modèle à tes pinceaux flatteurs
La plus belle de ton empire.
De Flore, prête-lui les attraits enchanteurs
Et le souffle qu’elle a quand sa bouche respire
De ta mère charmante emprunte le sourire
Avec la taille de tes sœurs.

  1. Mémoires de Mme d’Epinay. T. II, p. 240.