Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée
35
madame de verdelin

grins. Cette liaison a joué dans la vie de la marquise un rôle trop important pour la passer sous silence.

Quel était donc « ce mauvais choix dont nous parle Mme d’Epinay ? Qui était ce Margency qui ne sut aimer la jolie marquise que d’un cœur assez léger ?

Adrien Cuyret de Margency était le fils d’un greffier en chef du Châtelet qui avait acheté, le 1er février 1731, la terre de Margency, moyennant cinquante-sept mille livres, au prince d’Egmont Pignatelli[1]. Les Margency étaient seigneurs du charmant village de ce nom, situé à une lieue environ à l’ouest de Montmorency, au-dessous de la forêt, du côté de Saint-Leu[2]. La terre de Margency comprenait « une maison seigneuriale, contiguë à l’église, quelques bâtiments d’exploitation agricole, jardin en parterre, terrasse en dessus et grand clos. La surface est de cinq hectares que de belles allées de marroniers partagent en s’étageant sur les pentes d’Andilly[3]. »

C’est ce grand clos ou plutôt ce parc, notons-le en passant, que Jean-Jacques Rousseau, au plus fort de ses amours avec Mme d’Houdetot, traversait souvent, oubliant même de saluer la châtelaine qui leur prêtait si obligeamment la clef. « Comme le

  1. Archives du Musée de Condé : B. A. 29.
  2. En achetant cette terre, Adrien Cuyret, et non Quiret, comme l’écrit Sainte Beuve, semble avoir eu plus d’ambition que de ressources réelles. Il mourut en 1744, laissant à sa veuve et à son fils unique une situation tellement embarrassée que sa femme renonça à la communauté. Le fils, par respect filial, n’osa pas répudier la succession, mais chercha à vendre ou à louer la propriété.
  3. Auguste Rey. Jean-Jacques Rousseau dans la vallée de Montmorency. Plon et Nourrit, 1909, p. 36.