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madame de verdelin

Ces gens frivoles, surtout en apparence, contraints de chercher un divertissement à la mélancolie qui accompagne un régime à son déclin, dans cette fin de civilisation qui sent venir une catastrophe, s’abandonnaient à la « douceur de vivre ». Au milieu de ces aimables mensonges, entre ces murs de soie aux couleurs célestes répétées par mille glaces, dans ces somptueux jardins qui rie sont que terrasses, pièces d’eau, berceaux, bosquets de verdure et de fleurs, où s’assemblaient seigneurs et abbés de Cour, les femmes étaient reines par leur grâce et aussi par leur esprit. On ne voulait penser qu’à l’amour, à ces scènes galantes que le pinceau de Fragonard ou les gravures de Moreau-le-Jeune ont fixé de façon charmante. On jouait le dernier proverbe du duc de Nivernais, on lisait les contes de Marmontel ou de Crébillon le fils, en attendant de savourer « les Baisers » de Dorat.

Dans la société de la Chevrette, tout le monde rimait plus ou moins. Mme d’Houdetot excellait dans les vers légers. « Elle m’en a récité quelques-uns qui m’ont fait le plus grand plaisir, écrit Diderot à Mlle Volland[1]. Si je puis lui arracher un hymne aux t. qui pétille de feu, d’images et de volupté, je vous l’enverrai. Quoique elle ait eu le courage de me le montrer, je n’ai pas eu celui de lui demander. »

Mais Mme d’Houdetot était « aussi franche qu’étourdie. « C’est une « jolie âme », disait Mme d’Epinay. « On n’a ni plus de sensibilité ni plus de finesse qu’elle », ajoutait Diderot[2]. Après avoir donné cette

  1. Œuvres complètes de Diderot. T. XXVIII, p. 474. Garnier 1876.
  2. Œuvres complètes de Diderot. Lettre à Mlle Volland. T. XXIII, p. 472. Garnier, 1876.