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madame de verdelin

parc se trouvait à l’angle formé par le chemin de Deuil et la route de Paris. A quelques pas, dans la direction de Deuil, on aperçoit à droite une assez grande porte fermée par une grille. C’était l’entrée du château. C’est par cette grille, dernier vestige qui rappelle toute l’agitation, toute la vie, toute la passion d’un monde disparu, que passèrent Diderot, Rousseau, Duclos, Saint Lambert, Grimm, D’Holbach, Mme d’Houdetot et toute la brillante société du dix-huitième siècle qui se réunissait dans le salon où Natoire, l’artiste favori de Mme de Pompadour, avait peint l’histoire de Psyché.

« Magninque et triste salon de la Chevrette[1] », a écrit Diderot. « Je ne connais pas de maison plus séduisante quelle vue quels jardins, quel aspect et de l’eau et des plaines d’une richesse répond le baron d’Holbach[2]. — « Château superbe, au milieu duquel était un salon fait de telle manière, ajoute de Cheverny, qu’avec des ressorts, il se baissait quatre tableaux et qu’à l’instant on jouissait de deux salons[3]. »

Tantôt on jouait la comédie. Francueil avait formé la première troupe qui donna « l’Engagement téméraire » de Jean-Jacques Rousseau. Tantôt on devisait sur le livre à la mode, ou mieux encore, chacune des aimables femmes ébauchait son roman, ou venait lire le dernier portrait qui savait peindre la société, les amis, avec des touches de style à la Carmontelle. Parfois on s’occupait de l’éducation des enfants de Mme d’Epinay, qui semblaient d’ailleurs

  1. Diderot. Lettres à Mlle Volland.
  2. Mémoires de Mme d’Epinay. T. II. p. 228.
  3. Comte de Cheverny. Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI. T. I, p. 86.