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future épouse n’était point demandé. Bernard de Verdelin, déjà veuf de Marie-Louise Ladoubard de Beaumanoir, veuve elle-même de Pierre de Charrite[1] descendait d’une ancienne famille originaire d’Ecosse qui s’était établie, au treizième siècle, dans le Comtat-Venaissin. Un de Verdelin servit avec distinction, pendant de longues années, sous le duc d’Epernon qui lui témoigna beaucoup d’attachement puisqu’il l’appelle dans ses lettres « son plus affectionné compagnon et meilleur amy[2] ».

C’est à la suite du duc d’Epernon que les Verdelin vinrent en Angoumois et s’allièrent plusieurs fois avec les Brémond d’Ars. Il fallait renouer d’anciennes traditions, et le 8 avril 1750, une dispense de publications de bans ayant été accordée à la paroisse Saint-Eustache de Paris, le mariage fut célébré le 21 mai suivant en Saintonge[3]. Marie-Madeleine de Brémond d’Ars avait dû se résigner, le mot n’est pas trop fort, si nous donnons le portrait de l’ancien colonel, tracé de main de maître par Jean-Jacques Rousseau :

« M. de Verdelin, vieux, laid, sourd, brutal, jaloux, balafré, borgne, au demeurant bon homme quand on savait le prendre et possesseur de quinze à vingt mille livres de rentes. Ce mignon jurant, criant, grondant, tempêtant et faisant pleurer sa femme toute la journée, finissait par faire toujours ce qu’elle voulait et cela pour la faire enra-

  1. Pierre de Charrite, lieutenant-général et gouverneur pour le roi, de Saint-Domingue.
  2. Histoire d’Epernon. T. II, p. 448.
  3. Emile Faguet se trompe quand en calculant d’après l’âge d’une des filles de Mme de Verdelin, il fixe son mariage à l’année 1746. (Les amies de Rousseau, p. 117.)