Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

malveillantes surtout contre l’auteur de la Nouvelle Héloïse, avec allusion à un passage des Lettres écrites de la Montagne. Il ne contient rien qui trahisse son auteur[1] et le rapprochement avec les autres brochures seul autorise à le considérer comme un produit similaire.

Rousseau reçut par la poste le Sentiment des Jurisconsultes, comme il avait reçu le Sentiment des Citoyens, « avec le même soin, sous le même cachet et y reconnut d’abord le même auteur, « la même équité, la même bienséance, avec le même esprit »[2]. Il attribua ces deux libelles au pasteur Jacob Vernes.

Dans quelle mesure était-il prévenu, par conséquent sincère, en portant cette accusation infamante et dans le parti-pris implacable avec lequel il l’a maintenue malgré le désaveu catégorique de l’accusé ? Il est difficile d’en juger. On est tenté d’y voir une attitude, peut-être une auto-suggestion, vraisemblablement un dérivatif contre une risque redoutable.

Rousseau n’ignorait pas quels sentiments Voltaire professait à son égard. Il avait voulu lui nuire en le révélant au public comme l’auteur d’un ouvrage impie. Il devait se douter de la réaction que cet acte provoquerait contre lui et s’attendre à une riposte. Aucune ne s’était produite ostensiblement. Ses

  1. Les recherches de M. E. Meyer, adjoint à l’Archiviste d’Etat de Berne, dont nous le remercions, n’ont pas permis d’identifier le crime impuni, prétexte de cette brochure.
  2. Déclaration de J.-J. Rousseau relative au pasteur Vernes, qu’il accusoit d’être l’auteur du libelle intitulé Sentiment des Citoyens. Œuvres complètes de J.-J. Rousseau, éd. Hachette, Paris, t. IX, 1865, p. 98.