Nous pouvons donc encore presque voir de nos yeux le petit château de Le Brun où Rousseau a vécu avec tant de joie et nous comprenons qu’il se soit ? Je reviens aux annotations qui accompagnent le plus agréablement logé »[1].
Je reviens aux annotations qui accompagnent le dessin de Houël. Je me suis attardé à parler du lieu de la visite ; considérons maintenant la visite elle-même. Bien que Rousseau n’ait fait jamais aucune allusion à la scène du portrait et que le nom de Houël ne soit prononcé ni dans les Confessions ni dans la Correspondance proprement dite, toutes les vraisemblances s’accordent avec les indications du dessinateur. Nous savons en effet que le jeune genevois Coindet allait très souvent voir Rousseau à Montmorency le dimanche, et que, d’abord sans prévenir, plus tard en s’y faisant autoriser d’avance, il amenait avec lui des amis, désireux à quelque titre de faire la connaissance de Rousseau : il en est question presque à chaque lettre de leur correspondance[2]. Obligeant, empressé, actif, Coindet, sans
- ↑ Ce qui n’empêche pas M. Vloberg (p. 19) de parler « du lamentable intérieur » et de la « triste bicoque » où il lui plaît d’imaginer que Rousseau était à cette époque logé.
- ↑ Un volume entier des Annales de la Soc. J.-J. R. (t. XIV, 1922) est consacré a François Coindet et à sa correspondance avec Rousseau, que l’on retrouve aussi dans la Correspondance générale, publiée par P.-P. Plan (Paris, A. Colin, 20 vol.). La première lettre est du 27 juin 1756 ; les lettres sont très fréquentes jusqu’à 1762, période de grande froideur de la part de Rousseau, et s’espacent de plus en plus jusqu’à la rupture définitive en 1768. Cette correspondance est souvent fort amusante, car Rousseau traite sans gêne son jeune et remuant compatriote, et ne lui cache aucune des variations de sentiments par lesquels il passe à son sujet :