Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée
21
madame de verdelin

Laborde. De même, elle saura cultiver la peinture. Les tableaux de famille attestent son talent. Elle saura fixer les paysages de sa douce terre de Charente, les rues tortueuses de sa ville natale, les antiques maisons au colombage de bois et les logis Renaissance[1]. Et tous ces riants tableaux évocateurs de son enfance se graveront dans sa mémoire, quand il lui faudra quitter le sol familial, en répétant avec notre vieux poète Saint Gelais :

Adieu Coignac, le second paradis,
Chasteaux assis sur le fleuve de Charente !

Le 28 avril 1742, la jeune Marie-Madeleine était à peine âgée de quatorze ans, lorsque sa mère, la comtesse d’Ars, mourut après une courte maladie. Ce fut grande affliction dans la famille désolée. La comtesse fut inhumée dans la petite église romane d’Ars qui a si grand air avec son portail finement sculpté. Mais les honneurs funèbres rendus, Marie-Madeleine prit conscience du rôle qu’elle devait jouer. Elle était l’aînée de huit enfants. Tâche grande et redoutable à la fois, qu’elle sut admirablement remplir. Elle déploya vis-à-vis de ses cadets toute l’affection d’une grande sœur, les aidant, les encourageant, cherchant à suppléer la tendresse maternelle absente. Ceux-ci trouvèrent près d’elle protection et refuge parfois dans certaines heures difficiles[2].

  1. On lui connaît même un portrait au crayon de Rousseau, trouvé dans les papiers de Mme de Verdelin, par Poulet-Malassis et qui fait partie de la collection de M. le marquis de Chennevières. Ce portrait a été publié par de La Noe dans la revue Normande et Percheronne en 1892.
  2. Cf. Lettre de Mme de Verdelin à J.-J. Rousseau du 10 mars 1761. Correspondance générale. T. VI, p. 105.