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aimable femme que par les pages amères des « Confessions », nous serions bien trompés sur son véritable caractère. Heureusement la Correspondance que viennent de publier si utilement MM. Th. Dufour et Pierre-Paul Plan nous la replace sous son vrai jour.

« Ma dernière espérance n’est pas éteinte tant que Madame de Verdelin veut bien s’intéresser à moi. J’ai la conviction la plus intime que si je puis attendre quelque liberté et quelque tranquillité sur la terre, c’est à elle que je le devrai.» Voilà ce qu’écrivait Rousseau à son ami Coindet vers la fin de l’année 1769. Et dans une lettre à cette aimable femme : « Cent fois le jour, je pense avec attendrissement que, depuis le premier moment de notre connaissance, vos soins, vos bontés, votre amitié n’ont pas souffert un moment de relâche ou d’attiédissement, que vous avez toujours été la même envers moi, dans ma bonne et ma mauvaise humeur, dans ma bonne et ma mauvaise fortune, que vous m’avez toujours montré une égalité d’âme qui devrait faire l’étude du sage et cette bienveillance inaltérable que tous les amis promettent et qu’on ne trouve dans aucun. Votre amitié, Madame, est éprouvée et la mienne mérite de l’être. Voilà de quoi maintenant j’ai le cœur plein et ce que je voulais vous dire j’ai plus à me louer qu’à me plaindre d’une adversité qui m’a mis en état de vous parler ainsi »[1].

Quand on lit de semblables lettres, n’est-on pas tenté de mieux aimer le Rousseau de la « Correspondance» que le Rousseau des « Confessions » ? Dans ses lettres, il est plus vrai, il se montre sous un jour meilleur que dans ses « Confessions », où il a volontairement exagéré certains traits, travesti certains

  1. Lettre du 7 février 1763.