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annales de la société j. j. rousseau

les femmes occupent la première place dans la vie de Rousseau.

A l’automne de 1741, Jean-Jacques abandonnait la retraite de Chambéry « ce séjour du bonheur et de l’innocence », où il avait cueilli la pervenche et formé son âme aux champs de sa solitude et de son illusion, mais sur lesquels s’était levée la divine aurore qui devait illuminer son génie. « Je déposai mon cœur aux Charmettes, dit-il au commencement du septième livre des Confessions, y fondant mon dernier château en Espagne, projetant d’y rapporter un jour aux pieds de Maman, rendue à elle-même, les trésors que j’aurais acquis. »

Venu à Paris avec quinze louis d’argent comptant, sa comédie de Narcisse et son projet de notation musicale par les chiffres, qu’il allait lire sans succès à l’Académie, le pauvre Jean-Jacques voyait bientôt, avec la fin de ses maigres économies, sombrer toutes ses espérances. Il se souvint alors de l’avis que lui donnait un jour le père Castel : « Je suis fâché, disait ce bon ecclésiastique, de vous voir vous consumer ainsi sans rien faire puisque les musiciens, puisque les savants ne chantent pas à votre unisson, changez de corde et voyez les femmes, vous réussirez peut-être mieux de ce côté là. »

Jean-Jacques suivit le conseil. Les femmes lui feront bientôt cortège, exerçant une influence profonde sur sa destinée. En retour, il eut sur elles une action puissante. Le nombre de ses admiratrices fut immense. On a pu dire les femmes de Jean-Jacques, on n’a point dit les femmes de Voltaire. Aussi est-il extrêmement intéressant d’étudier avec soin, à l’aide de la correspondance et de documents nouveaux, sans cesse recueillis, les relations de Rousseau