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CE QUE DOIT GEORGE SAND A JEAN-JACQUES ROUSSEAU

Il y a un siècle, — exactement cent trois ans — paraissaient les premiers romans de George Sand, Indiana et Valentine, qui firent alors scandale, aussitôt suivis de Lélia, qui redoubla le scandale, mais, qui fut un événement, un avènement aussi, car ce livre marque non seulement une date, mais une époque dans la littérature d’imagination et dans la prose romantique. Et, depuis un siècle, les critiques littéraires, les littérateurs, les écrivains de tout ordre, quand ils touchent à George Sand, s’accordent à voir en elle une « fille de Rousseau ». Elle est ainsi baptisée partout, à droite comme à gauche, ici sacrement, là malédiction. Sainte-Beuve l’a le premier définie ainsi, et ce jugement a fait boule de neige tout le long du siècle, jusqu’à Faguet et à Lanson, disparus hier, sans parler des « manuels » en quête de formules toutes faites et de ces « shiboleth » qui sont les passe-partout des examens.

Mais qu’est-ce à dire ? un axiome littéraire se passet-il, comme l’axiome géométrique, de démonstration ? Rien, au fond, n’est plus discutable qu’une définition littéraire, et rien n’est plus inexact qu’un classement dans l’ordre de l’esprit, dans la filiation des esprits.