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II

L’occasion s’offre d’elle-même d’examiner ici la visite, prolongée sur plusieurs jours de mai, dont Rousseau gratifia « un particulier respectable résidant à la campagne, aux alentours de Lyon. Un particulier : lequel ? à la campagne : où ? En rapprochant les récits de Coignet[1] et de Chassaignon[2], je n’hésite pas à croire que ce séjour se place chez D. Cornabès, ami de Gauffecourt anciennement connu de Jean-Jacques qui avait de l’estime pour ce Veveysan amoureux de son lac[3], pour cet homme serviable[4] dont le nom seul lui rappelait l’ivresse de la gloire naissante[5], et peut-être ses ambitions juvéniles[6]. Une quinzaine d’années auparavant, Cornabès avait acquis une propriété rurale riveraine de la Saône, à SaintGermain au Mont-Dore, village situé à trois lieues en amont de la ville[7].

  1. Henri Coignet. Particularités sur J. J. Rousseau, pendant le séjour qu’il fit à Lyon en 1770. Publié par Musset-Pathay dans les Œuvres inédites de J. J. Rousseau, tome Ier, p. 461-472.
  2. [Jean-Marie Chassaignon]. Cataractes de l’imagination…, par Epiménide l’Inspiré. Dans l’antre de Trophonius, au pays des visions, M.DCC.LXXIX [Lyon, 1779], tome III, p. 46-50.
  3. Cf. Eugène Ritter. Les correspondants de J. J. Rousseau. I : Rousseau et les Vaudois. Paru dans La Suisse romande, 1re  année, p. 10-13, et Correspondance générale, t. VI, p. 135-137.
  4. Le 16 janvier 1753, Rousseau écrivait à Lenieps : « Je vous ai envoyé vingt exemplaires de la Serva padrona ; et M. Cornabé (sic) a bien voulu se charger de vous les faire tenir. » Cf. Albert Jansen. J. J. Rousseau. Fragments inédits. Recherches biographiques et littéraires. Paris, 1882, p. 16, et Corr. générale, t. II, p. 39.
  5. Le 20 janvier 1765, Rousseau écrivait à Mme Boy de la Tour : « Je suis charmé qu’il (Cornabès) se souvienne de moi ; pour moi je ne l’oublierai de ma vie. Il m’a vu dans mes beaux jours. » Cf. Henri de Rothschild. Lettres inédites de J. J. Rousseau, Paris, 1892, p. 98, et Correspondance générale, t. XII, p. 236.
  6. Théophile Dufour place leur première rencontre vers 1740, à Lyon ; cf. Correspondance générale, t. XII, p. 237.
  7. Cf. Ritter, loc. cit.