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PREFACE

En 1765, à la suite de la publication des Lettres de la Montagne, Rousseau fut forcé de quitter la Suisse et de chercher un autre asile. Sur les instances de ses amis, il accepta l’invitation de Hume d’aller en Angleterre. Tout le monde connaît d’une manière générale les détails saillants des rapports de Rousseau avec le philosophe anglais : d’abord l’accueil triomphal qu’on fit à Londres à l’auteur de la Nouvelle Héloïse, les efforts de Hume pour établir Rousseau dans un séjour agréable et lui procurer une pension du Roi d’Angleterre, et les protestations mutuelles d’amitié des premiers temps ; puis la tension croissante entre les deux hommes aboutissant, après que Rousseau eut repoussé de nouvelles faveurs de Hume, à la « querelle » qui, pendant quelques mois, fit plus de bruit, dit-on, qu’une guerre européenne : Hume, en effet, blessé dans son amour-propre, et craignant le rôle que lui attribuerait Rousseau dans les Mémoires qu’il rédigeait alors, crut devoir se justifier aux yeux de ses contemporains et de la postérité par le fameux Exposé Succinct ; dès lors la rupture entre les deux philosophes était irrémédiable.

Chacun sait aussi que les nouvelles de la querelle s’étaient vite ébruitées, qu’avant même la publication de l’ouvrage de Hume, les partisans des deux prota-