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préface

De plus, on ignore d’ordinaire que la querelle, apaisée par la fuite de Rousseau sur le continent, reprit de plus belle à l’occasion de la mort du Maréchal Keith[1] : d’Alembert renouvela alors les accusations d’ingratitude de Rousseau envers ses amis et bienfaiteurs en général, et envers Hume en particulier. Rousseau, mort avant que l’Eloge n’atteignît le public, n’en a rien soupçonné, mais c’est alors Madame Latour de Franqueville qui répondra à d’Alembert par un écrit intitulé La Vertu vengée par l’Amitié. En 1798, nouvelle flambée : Dusaulx, devenu le détracteur de Rousseau, ressuscitera la « querelle » dans ses Rapports avec J.-J. Rousseau : à ces accusations Corancez ripostera par ses articles du Journal de Paris. Ces épilogues nous ont paru présenter eux aussi un intérêt digne d’attention.

Il va sans dire que l’épisode Hume-Rousseau allait avoir sa place dans une troisième explosion posthume de rousseauphobie, causée en 1812 par la publication de la Correspondance Littéraire : la France de la Restauration n’avait pas oublié l’enthousiasme ardent de la France révolutionnaire pour Rousseau : elle accueillit donc sans déplaisir les attaques contre l’auteur des Confessions, qui était aussi celui du Contrat social et de la Profession de Foi. La notice sur Rousseau dans la première édition de la Biographie Universelle de Michaud (1814) et la publication par Brunot des Mémoires de Madame d’Epinay (1818), contribuèrent à fortifier cette tendance qui prédominera pendant tout le xixe siècle siècle malgré les efforts en sens

  1. Le 25 mai 1778.