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Quelle main plus sûre
à lancer un dard
fit une blessure
au dos d’un fuyard ?
Le Parthe rebelle
paya ses forfaits.
La Perse cruelle
a senti ses traits.
Les aigles romaines
ont franchi les mers.
Les Bretons si fiers
ont porté nos chaînes…
L’Océan tremblant
gémit en silence
du poids accablant
de notre puissance.
Falloit-il en moins d’un an
Dompter le Parthe rebelle ?
Falloit-il d’un bras fidèle
Bander l’arc, lancer des traits
Sur des ennemis défaits,
Et d’une audace guerrière
Blesser le Mède au derrière ?
Falloit-il presque sous l’Ourse
Des Bretons presque ignorés,
Du Caure aux cheveux dorés
Mettre l’orgueil à la chaine
Et sous la hache romaine
Faire trembler l’Océan.

Ici les vers de Rousseau, plus exacts que ceux de l’abbé Esquien, rendent notamment mieux resonet forum, cecidit pulchre cordatus homo, Medi terga, ultra noti litora ponti, securis Romanae. Et, si le mètre choisi est moins vif que celui d’Esquien, il se rapproche plus de l’original. Enfin remarquons combien Rousseau a finement saisi le mouvement du passage. Il a eu grand soin d’accentuer le caractère de parodie qu’a le début que chacun se contrefasse ; crions d’un commun accord. Il traduit à dessein grossièrement pictaque Medi fugacis et il essaie de rendre caeruleos par aux cheveux dorés tout en suivant l’ordre pittoresque du texte pour les trois derniers vers.

Ce n’est certes pas dans le but de donner un prix ou un accessit de version latine à J.J. Rousseau ou à l’abbé Esquien que les comparaisons précédentes ont été instituées. Mais ne montrent-elles pas que dans l’ensemble, en ce qui concerne la fidélité, si aucun des deux traducteurs ne se pique de rendre littéralement le texte, J. J. Rousseau est quand même très supérieur à son rival ?

Quant à la valeur littéraire de son travail, elle nous apparaît, par contraste, comme très notable. Il y a là une verdeur