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Il en est de même des métaux : car outre la couleur et la fusibilité qu’ils reçoivent des deux prémiéres terres, ils ont encore la malléabilité et l’éclat métallique qu’ils ne peuvent tirer que d’un troisième principe. Un principe semblable doit se trouver dans les deux autres régnes par Analogie : En effet, d’où viendroit aux sels fixes ces figures réguliéres qu’ils prennent dans la (31) cristallisation et aux volatiles cette figure de la plante qu’ils représentent quelquesfois fort distinctement comme dans l’absinthe et le bois de sapin ? Cette troisiéme terre entre en assés grande abondance dans la mixtion du mercure commun, ce qui a engagé quelques Chymistes à lui donner mal à propos le nom de mercure ; il vaut mieux l’appeller terre mercurielle : Car prémiérement, il est faux que l’on puisse retirer du mercure coulant de tous les corps dans lesquels elle se trouve ; et d’ailleurs le mercure n’est-il pas un mixte formé lui même d’autres principes ? Ainsi l’on n’a pu en donner le nom à notre troisième terre que fort improprement à cause de sa grande volatilité[1] : De sorte, par exemple que si on l’unit par surabondance à quelque métal elle peut le rendre volatile et fluide en forme de mercure qu’on ne peut plus reduire en sa consistance qu’en le fixant par le secours du feu. Beccher est d’opinion que cette terre ne différe en rien du fameux Alkaest d’Helmont et de Paracelse, et il parle de cette liqueur comme d’une chose à lui fort connue et dont la grande pénétration a failli lui couter la vie pour en avoir voulu sentir sans précaution[2]. On sait que cet Alkaest est, à ce que prétendent ces Chymistes, un dissolvant universel : (32) Beccher le distingue pourtant des dissolvans ordinaires en ce que ceux-cy s’unissent aux corps dissouts au lieu que l’Alkaest ne fait que diviser les parties[3], et les ré-

  1. Œdip. Chym. (R.). Institutiones chimicæ Prodromæ i. e. J. J. Becheri Spirensis. Œdipus chimicus. Francofurti, 1664.
  2. Becher, Phys. subt., p. 79.
  3. Ibid., p. 79.