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institutions chymiques

même terre vitrifiable. Quand à ces couleurs spécifiques que Beccher trouve dans les verres de chaque régne, elles me sont encore plus suspectes que tout le reste : j’ai grand peur que la couleur verte des verres faits avec les cendres des végétaux n’ait fait imaginer la couleur de chair du verre Animal. D’ailleurs, la différente mixtion des matiéres dont ces verres sont composés peut fort bien causer la différence de ces couleurs sans que le principe vitrifiable cesse d’être le même dans les uns et dans les autres, nous verrons plus au long ce que M. Stahl a dit sur cette matiére.

Quand aux deux autres principes terreux il s’en faut beaucoup que les notions n’en soient aussi claires que celles du prémier. Jamais personne n’en avoit eu la moindre idée avant Beccher, et lui même en a trouvé les demonstrations si difficiles qu’il a été obligé de quitter l’Analyse et recourir à la sincrese jusqu’à lui peu connuë des Chymistes. Pour faire voir que tel ou tel principes étoient contenus dans telle ou telle substance, ils tachoient de les en retirer par voye Analytique[1]. Beccher au contraire en reunissant et combinant ses principes en un mixte entièrement semblable à celui qu’il prétendoit en être composé (26) a donné une toutte autre évidence à ses preuves et a fourni à la Chymie de nouvelles routes qui ont fait faire à cette science de grands progrés après lui.

Le second Principe que Beccher appelle terre inflammable ou colorante, et auquel Stahl a donné le nom Grec de Phlogistique, est proprement la matière du feu et le principe des couleurs[2]. Cette terre existe évidemment dans tous les

  1. A corriger. (R.)
  2. Le P. Lozeran de fiesc Jesuite dans un traitté qui a remporté le prix à l’Académie des sciences nie que le feu soit un Element, parce que les Chymistes ne le démontrent pas pur dans leurs Analyses. Il soutient au contraire que le feu est un mixte composé de sels de souffre, d’air et de matiére Ethérée, et qui se meut en tourbillon. Il y a apparence que ce Philosophe n’a pas d’idée de la