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cience, seroit-il naturel qu’un Auteur qui produit un systéme de son invention, et qui se croit en droit pour toutte autorité de citer ses propres expériences sans mettre les autres à portée de les vérifier, en manquât pour touttes ses hypothéses ; Puisque Beccher avoit besoin pour prouver l’analogie de sa terre (24) vitrifiable dans les trois régnes, de faire du verre avec les substances Animales, il eut été bien simple de n’en pas savoir faire, quitte pour ne donner son secret à personne.

Si nous n’avons point de preuves que Beccher ait fait les expériences qu’il nous rapporte, il est certain aussi que nous n’en avons point qu’il ne les ait pas faittes, et dans ce doute, son témoignage doit avoir quelque poids, surtout si nous trouvons d’ailleurs des probabilités qui constatent la vraisemblance : Or l’analogie qui règne par tout entre les principes matériels des trois régnes, comme je le ferai voir, nous autorise tout au moins à l’admettre icy par induction[1] ? Je dis plus, en supposant pour vraies les expériences de Beccher, au lieu de l’Analogie en question je ne vois point de difficulté à reconnoitre une parfaitte identité dans les principes des trois régnes s’ils ont les mêmes proprietés et produisent les mêmes effets, ainsi qu’on sera contraint d’en convenir. D’abord, pour les animaux et les végétaux l’identité est claire, puisque la substance des uns devient la substance des autres alternativement. Pour les mineraux et les végétaux, cela n’est pas moins évident, car les sels des végétaux et leur terre ou base Alkaline sont (25) entiérement semblables aux sels fossiles qu’on retire du sein de la terre et à leur base ce qui prouve qu’ils sont composés des mêmes principes et sur tout de la

  1. Email fait avec des os de mouton : vitrification des os des animaux au miroir ardent. (R.)

    Il ne seroit peut être pas inutile de rechercher l’origine d’un proverbe Japonnois, qui dit, pour signifier à ce qu’on croit la difficulté du travail, que les os humains sont un des ingrédiens qui entrent dans la porcelaine. (R.)