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principes ultérieurs. Mais n’est-il pas évident que de pareilles suppositions sont capables de jetter plus d’obscurité que de lumiéres sur la mixtion des corps et sur leur véritable constitution ? il faudroit, avant que d’admettre une maniére de Philosopher, aussi defectueuse avoir démontré auparavant que les veritables principes ne pouvant être soumis purs et sans mélange à l’inspection des sens, il n’est encore aucun moyen possible de les découvrir ni de s’assurer de leur éxistence et de leurs qualités par voye de combinaison et au travers, pour ainsi dire, de l’union qu’ils ont entre eux dans la composition des corps naturels.

Enfin deux hommes sont venus ; Beccher et son illustre Commentateur (16) Stahl sans lequel le plus grand Chymiste du monde seroit probablement resté dans l’oubli.

Avant Beccher la Chymie n’avoit guéres formé que des Empyriques, des chercheurs de Pierre Philosophale, des Apoticaires et des distillateurs. Boyle et lui ont presque été les prémiers à la cultiver en Physiciens.

Beccher donc éclairé du flambeau de l’expérience a osé pénétrer dans les routes les plus secrettes de la Nature : ses grandes lumiéres soutenues d’un genie vraiment Philosophique lui ont fait trouver la plus belle Théorie et la plus complette qu’on ait encore imaginée sur la constitution et la composition des corps naturels. Au titre de son livre[1] il sembleroit qu’il ne se propose de traitter que des mineraux, et c’est ainsi qu’il s’en explique lui même : mais l’universalité de ses principes perce bientôt comme malgré lui. Que peut-on apprendre en Chymie dans l’éxamen des animaux et des végétaux ; leur mixtion peu serrée se détruit au moindre effort ; on trouve d’abord des sels, des huiles, des terres et rien de plus si ce n’est, peut-être, un esprit Aromatique

  1. Joh. Joachimi Beccheri… Physica subterranea… et Specimen Beccherianum… subjunxit Georg. Ernestus Stahl… Lipsiæ 1738. 1 vol. 4°. — Cet ouvrage a été édité plusieurs fois, l’édition parue à Leipzig en 1738 est celle que nous avons utilisée pour nos notes.