ssurément, depuis l’apparition des Confessions
jusqu’à nos jours, il a été souvent
question des rapports de Rousseau et du
docteur Tronchin. Tout, néanmoins, n’a
pas été dit sur ce sujet, qui a donné lieu à tant d’affirmations
contradictoires, et nous avons d’autant moins
hésité à y consacrer ce chapitre qu’une correspondance
en grande partie inédite met en relief le caractère de
ces deux hommes, que la nature avait faits incompatibles
et qui représentèrent dans leur patrie les idées les
plus opposées.
Entre ces carrières si différentes, il y a cependant plus d’une similitude créée par les circonstances et le hasard.
Nés, l’un en 1709, l’autre en 1712, Tronchin et Rousseau quittent Genève dès l’adolescence pour n’y faire, durant un quart de siècle, que de rares et fugitives apparitions parvenus à la maturité de l’âge, déjà célèbres, ils reparaissent dans leur ville natale la même année[2], Tronchin pour s’y fixer, Jean-Jacques pour se retremper dans « le sentiment national. »
On sait quelle empreinte ineffaçable a laissée dans l’esprit de Rousseau ce séjour de quatre mois, durant