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ROUSSEAU

ET LE DOCTEUR TRONCHIN[1]




Assurément, depuis l’apparition des Confessions jusqu’à nos jours, il a été souvent question des rapports de Rousseau et du docteur Tronchin. Tout, néanmoins, n’a pas été dit sur ce sujet, qui a donné lieu à tant d’affirmations contradictoires, et nous avons d’autant moins hésité à y consacrer ce chapitre qu’une correspondance en grande partie inédite met en relief le caractère de ces deux hommes, que la nature avait faits incompatibles et qui représentèrent dans leur patrie les idées les plus opposées.

Entre ces carrières si différentes, il y a cependant plus d’une similitude créée par les circonstances et le hasard.

Nés, l’un en 1709, l’autre en 1712, Tronchin et Rousseau quittent Genève dès l’adolescence pour n’y faire, durant un quart de siècle, que de rares et fugitives apparitions parvenus à la maturité de l’âge, déjà célèbres, ils reparaissent dans leur ville natale la même année[2], Tronchin pour s’y fixer, Jean-Jacques pour se retremper dans « le sentiment national. »

On sait quelle empreinte ineffaçable a laissée dans l’esprit de Rousseau ce séjour de quatre mois, durant

  1. Cette étude est extraite d’un ouvrage de M. Henry Tronchin Un médecin du XVIIIe siècle. Le docteur Tronchin, qui doit paraître a Paris.
  2. 1754.