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Genève, le 14 décembre 1904.

Monsieur le Conseiller,

Vous avez bien voulu nous inviter à vous exposer par écrit le projet de création d’Archives Jean-Jacques Rousseau, que nous avons eu l’honneur de vous soumettre dans notre entretien du 10 décembre dernier. Nous représentions un groupe de citoyens, dont vous avez entendu les noms. Nous nous empressons de répondre à votre désir, en vous remerciant de l’accueil très encourageant que notre démarche a rencontré auprès de vous. Notre but est de servir l’histoire et la critique des œuvres de Rousseau et de sa vie. À ceux qui y travaillent, manque une institution centrale où ils trouveraient réunis les documents, en originaux ou en copies, la littérature spéciale, tous les moyens d’information indispensables. C’est à la Ville de Genève à la créer. Elle jetterait ainsi les fondements de grandes entreprises, qu’il appartient aux Genevois d’accomplir : une bibliographie et une iconographie de Rousseau ; sa biographie authentique et complète, l’édition critique de ses œuvres.

Ces ambitions hautaines représentent une très grande somme d’efforts et de longs travaux. Les premiers, les plus malaisés peut-être, ont été faits. Depuis une quarantaine d’années, des érudits de la Suisse romande, de la Savoie, en particulier des savants genevois, ont mis beaucoup d’ordre et de lumière dans la biographie de Rousseau. À leurs recherches sont venues s’ajouter, en France, en Allemagne, en Angleterre, de nombreuses enquêtes et d’importantes études. Mais, pour les continuer heureusement, le moment est venu de dresser le bilan des résultats obtenus et d’associer les forces individuelles. Trop longtemps peut-être nos autorités se sont-elles désintéressées de ces travaux, qui préparent le plus solide monument à la gloire du citoyen de Genève et à l’honneur de son pays.

Il faut créer à Genève un centre d’études tel, qu’il devienne le rendez-vous de tous ceux qui s’occupent des questions relatives à Rousseau, à son œuvre et à son temps. Une société sera prochainement fondée, qui les unira effectivement. Elle publiera un Bulletin où leurs travaux seront dorénavant rassemblés, et qui doit devenir, auprès du public lettré, l’interprète, entre eux, le messager et le guide, de tant de chercheurs dispersés. Cette société aura son siège à Genève.

Vous avez bien voulu, monsieur le Conseiller, vous déclarer