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descendants ne consentiraient guère à un pareil usage de cette estampe si elle devait figurer avec celle de Mme de Warens ? J’ajouterai à cela qu’on ne lit ici les Confessions de Jean-Jacques qu’en s’en confessant à son confesseur, et la pénitence infligée pour un tel péché n’est pas légère ; tout au moins promet-on de n’y plus retomber. Voilà qui exclut de ce livre les estampes de la famille Solar.

Elle riposte le 5 janvier 1790 :

Il faut donc renoncer aux Solars, grâce à toutes les sottises de bigotterie et d’orgueil dont s’encroûtent les pauvres hommes ! Vraiment, j’ai mon espèce en horreur. Je ne vois que sottise et méchanceté. Voyez les complots et les assassinats en France ! Vos cagots, vos t… (mot illisible) sont de sottes et vilaines bêtes, et il ne me plaît pas seulement de rire de l’aveu ingénu que vous me racontez.

La fin de cette lettre contient une commission qu’elle qualifie elle-même de baroque : elle prie l’ambassadeur, — de la part de DuPeyrou — de chercher à retrouver la pauvre Marion, cette jeune servante mauriennoise que Rousseau accusa, après la mort de Mme de Vercellis, de lui avoir donné un ruban qu’il avait dérobé lui-même : « Si Marion vit, elle doit avoir près de 80 ans. On voudrait lui faire du bien ; c’est un peu tard sans doute, et je voudrais qu’on y eût pensé il y a 10 ou 15 ans. C’est déjà assez tard ».

Elle écrit encore à d’Oleyres, qui se montrait sévère pour Rousseau :

Nous sommes parfaitement du même avis sur Jean-Jacques. Au lieu d’entretenir la postérité de ses remords sur Marion, il aurait dû de son vivant la chercher et réparer sa faute. Il croit avoir pris chez l’abbé Gaime de vraies idées sur la vertu et des sentiments vertueux, et cependant il ne cherche pas Marion, qu’il aurait aisément retrouvée. Après la mort de Claude Anet et la joie de posséder son habit noir, il croit que les larmes que cette vilaine joie fait verser à Mme de Warens, effaceront de son cœur tout sentiment vil de convoitise et de sordide intérêt. Cependant, nous le voyons depuis un peu voleur parfois, souvent menteur, et plus souvent