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et tant de dangers, nous sortîmes toujours sains et saufs des passages les plus périlleux, et notre santé s'améliora de jour en jour.

Cette route, jusqu'aux frontières de Chine, ne présenta à notre vue qu'une suite continuelle d'abimes, des chaînes de rochers dont la cime se perdait dans les nues, et aux flancs desquels étaient suspendus d'immenses blocs de glace ; c'étaient à chaque pas de grands fleuves qui se précipitaient de cataracte en cataracte entre les coupures des montagnes; mais jamais des plaines fertiles, ni des lieux tant soit peu favorisés de la nature.

Nous vimes aussi un nombre considérable de Lamaseries. Les plus fameuses sont celle de Choupando, qui ressemble à une ville par ses monuments et la vaste étendue de son enceinte ; celle de Tsiamdo, qui compte quatre mille Lamas ; celles de Kian-ka, de Tchiang-ya, de Bathang et de Lythang. L'aspect du pays révèle de toutes parts qu'il n'est rien que par sa religion. Dans les Lamaseries seulement ont lieu les grands rassemblements d'indigènes. Les sciences, les arts et la plus grande partie du commerce sont concentrés entre les mains des religieux. Enfin le culte lamaïque sert à ce pays d'industrie, de gouvernement, de législation et de politique, Pour bien expliquer cet état, il faut dire que la religion de Bouddha possède tout le Thibet, avec ses habitants, ses terres, ses richesses, ses monuments et jusqu'à ses rochers ; car on voit leur granit tantôt couvert de légendes superstitieuses, tantôt taillé en forme d'idole avec une niche creusée dans la pierre vive ; on aperçoit même, suspendues à leurs flancs les plus abrupts, de grandes Lamaseries dont les cellules sont groupées et collées à la roche comme des nids d'hirondelles.