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à Jésus-Christ, et de proclamer solennellement son nom. Notre espérance et notre joie croissaient «n voyant de plus en plus nombreuse la foule de ceux qui venaient à nous, pour s'entretenir de la Religion, et qui manifestaient le désir d'apprendre nos prières.

Nous ne perdions cependant pas de vue notre véritable situation; nous en étions réduits au dernier dénùment. La vente de nos chameaux, à Naktchu, noue avait procuré quelques ressources ; à H'Lassa, le Régent acheta nos chevaux et nous les paya trois fois plus qu'ils ne valaient. Il avait imaginé ce moyen pour nous faire accepter de l'argent que nous aurions refusé, il le savait, s'il nous eût été directement offert. Ce qui nous en restait suffisait à peine pour subsister quelques mois. Nous nous trouvions là, au centre de pays inaccessibles aux nations européennes, loin de toutes connaissances, sans nouvelles de notre Vicaire apostolique, et dans l'impossibilité de lui envoyer des nôtres. Nous n'avions rien appris de ce qui se passait en Europe depuis trois ans. Après avoir réfléchi sur notre situation, nous pensâmes que notre premier devoir, dans cet état de choses, était d'abord de donner avis à la sacrée Congrégation de tout ce qui avait eu lieu à H'Lassa, et de renouer communication avec nos Supérieurs. Nous nous arrêtâmes donc au projet suivant : M. Hue devait rester à H'Lassa pour cultiver la chrétienté naissante, entretenir le Régent dans ses bonnes dispositions, et travailler à augmenter le nombre des catéchumènes, mais sans les baptiser, hors le danger de mort. Nous aimions mieux différer leur baptême jusqu'au jour où nous pourrions célébrer le saint Sacrifice de la Messe.

Pour moi, il fut résolu que je me remettrais en voyage. Je devais m'acheminer vers le midi, à travers