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à réciter des prières, et surtout la célèbre formule Om ma ni pat me houm. Bientôt il dit à ses parents et à tous ceux que le bruit du prodige attire près de son berceau, qu'il est le Bouddha incarné de telle Lamaserie, que ce siège lui appartient, et il commande qu'on ait à l’y conduire. On lui propose à volonté diverses questions sur les choses les plus cachées, et il y satisfait, lui eût-on même parlé une autre langue que sa langue maternelle.

Lorsque le fait de la transmigration a pris quelque consistance, la famille en envoie la nouvelle à la communauté que l'enfant réclame pour son siège. Les directeurs de cette Lamaserie nomment alors une commission, composée des religieux les plus instruits et les plus expérimentés, pour aller constater le prodige. Ils prennent avec eux tous les petits meubles qui ont appartenu au défunt, mêlés parmi une foule d'autres objets du même genre, et se rendent ainsi à l'endroit désigné. Arrivés près de l'enfant, ils commencent par lui faire un grand nombre de questions captieuses. A-t-il satisfait à toutes, les examinateurs déposent les objets qu'ils ont apportés, pêle-mêle sous ses yeux, en lui disant : « Si tu es véritablement notre Lama, dis-nous quels sont, parmi ces meubles, ceux qui t'appartenaient lorsque tu siégeais sur notre autel ? » Si l'enfant discerne sans se tromper tout ce qui servait à l'usage de celui qu'il prétend représenter, alors l'identité est reconnue pour authentique ; la Lamaserie en corps vient l'inviter avec une pompe extraordinaire, et il est honoré toute sa vie comme un Bouddha incarné. Au contraire, s'il ne soutient pas l'épreuve à laquelle on l'assujettit, il est regardé comme un imposteur et il n'en est plus question.

Nous avons eu occasion de voir un grand nombre de ces jeunes Lamas qui, ayant eu dans leur enfance le