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mûrir davantage ses réflexions ; en attendant, il nous pria de nous charger de l'instruction d'un de ses neveux, âgé de dix-huit ans, sur lequel il fondait toutes ses espérances.

Mais laissons un instant le récit de nos travaux, pour tracer une esquisse de l'état politique et religieux du Thibet.

Ce vaste pays est gouverné par le Talaï-Lama, qui est aussi le Souverain Pontife du culte Bouddhique. Il réside dans un temple appelé Bouddhala par les Thibétains, mot qui veut dire la montagne de Bouddha. Les Mongols lui donnent le nom de Monghe-djo, c'est-à-dire, image éternelle, parce que, dit-on, on conserve encore là, incorruptible, le corps de Tchoukaba, le célèbre réformateur de la religion thibétaine. Le Talaï-Lama actuel est un enfant âgé de huit ans, natif d'un district situé à l'extrémité orientale du Thibet et appelé Min-tcheux. Ses parents étaient de pauvres bûcherons ; mais par la métempsycose, le Lama défunt se reproduisit dans leur famille, et grâce à cet événement, ils sont aujourd'hui élevés au-dessus de tout ce qu'il y a de plus grand en Asie.

Ces faits extraordinaires ont lieu, non-seulement pour le Talaï-Lama, mais encore pour tous les Bouddha vivants, qui sont peut-être aujourd'hui au nombre de plus de mille, disséminés tant dans le Thibet que dans les diverses régions tartares. Lors donc que le Lama suprême a opéré son nirvan, (lorsqu'il est mort), des prières publiques se font dans la Lamaserie ; puis on consulte les sorts ; quelquefois les oracles donnent l'indication de l'endroit où se trouve l'enfant en qui l'âme du défunt vient de passer ; mais le. plus souvent la nouvelle en vient de sa propre famille. Cet enfant, par fois à peine âgé de quelques mois, se met à parler,