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les paroles suivantes : « Les choses que vous m'avez dites m'ont profondément frappé. Il s'agit d'une question qui est de la dernière importance. Je veux éclaircir avec vous toutes ces difficultés religieuses. Apprenez bien la langue thibétaine, afin que nous puissions parler seuls et échanger toutes nos pensées ; ensuite je vous promets d'être de bonne foi, et si je vois que votre doctrine soit la véritable, je l'embrasserai. »

Ayant appris le mauvais état du logement que nous nous étions procuré, il nous offrit une de ses habitations ; là, nous eûmes une chambre plus spacieuse et plus commode. Notre premier soin fut d'y dresser un petit autel et d'y arborer les emblèmes de notre sainte Religion ; nous en exposâmes trois : celui du milieu était l'image de Jésus en croix ; d'un côté nous mimes saint Jérôme, et de l'autre saint Vincent de Paul. Nous aurions bien désiré pouvoir dire la Messe, mais nous eûmes la douleur de trouver le vin que nous avions apporté tout-à-fait corrompu, au point de ne pouvoir plus être compté même pour matière douteuse, et il nous fut impossible de nous en procurer, car le vin de raisin est chose inconnue dans le Thibet.

Chaque jour le nombre de nos auditeurs allait en augmentant ; on venait en foule voir nos images et on nous en demandait l'explication ; ce qui nous offrait une occasion favorable d'exposer la vérité évangélique.

Un médecin musulman, mandé pour voir mes pieds, qui me causaient toujours de violentes douleurs, n'avait cessé, pendant tout le temps de sa visite, d'avoir les yeux fixés sur l'image de Jésus-Christ crucifié. Après m'avoir indiqué les remèdes qu'il crut nécessaires, il demanda ce que signifiait le tableau de cet homme cloué sur une croix. Nous lui fîmes un exposé complet de la Religion : la création du premier homme, sa chute, les châtiments du