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éclatante de notre foi ; et la perspective des persécutions qui allaient peut-être commencer pour nous ne nous effrayait point.

Nous fûmes immédiatement introduits devant le Régent. C'était un homme de haute taille, d'un port majestueux et d'une physionomie prévenante. Voici à peu près la substance de ce premier interrogatoire qui, peut-être, est la première apparition publique et légale que l'Evangile ait faite dans le Thibet :

« D'où êtes-vous ? — Nous sommes du grand ciel d'Occident, d'un royaume appelé la France. — Quel est votre état ? — Nous sommes des Lamas chrétiens ; nous n'exerçons aucune profession mondaine ; notre seule occupation est de prier, de prêcher notre Religion et de l'enseigner à nos disciples. — Quelle est la doctrine que vous prêchez ? — C'est la doctrine de Jésus-Christ : elle n'est autre que celle qui fut, dès l'origine, enseignée aux hommes par Dieu même ; depuis, Jésus-Christ en est venu renouveler et rendre plus claire encore la révélation. Hors de cette Religion, les hommes ne peuvent point sauver leur âme. — Avez-vous ici des disciples ? — Non, mais nous sommes venus pour en faire. — Quel moyen d'existence avez-vous ? — Nous vivons des offrandes que nous font les fidèles de la Religion dont nous sommes ministres. — Qui vous a amenés ici ? — Personne ; nous y sommes venus de nous-mêmes, nous avons marché avec tout le monde sans que nul se fût chargé de nous. — Pourquoi êtes-vous venus à H'Lassa plutôt qu'en tout autre pays ? — Nous avons été d'abord en Chine, puis en Tartarie, de là nous avons pris le chemin de H'Lassa : nous savions qu'on y attache une grande importance à l'étude des choses religieuses, et nous y sommes venus pour y prêcher notre culte. »