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de nous annoncer, sans tergiversation aucune, pour Missionnaires ; et nous saisîmes avec empressement cette occasion d'avouer hautement notre apostolat. Les agents du gouvernement consignèrent notre déclaration sur leurs registres, sans faire aucune réflexion.

Nous fûmes pendant quelques jours occupés à nous arranger le moins mal possible dans le pauvre réduit que nous nous étions procuré ; c'était une misérable chambre ; deux larges ouvertures sans châssis et sans papier servaient de fenêtres : néanmoins nous y étions encore mieux que dans le désert. Pour moi, ma santé se rétablissait peu à peu, excepté que mes pieds, dont les parties gelées s'étaient converties en ulcères, me causaient d'horribles souffrances.

On venait nous voir par curiosité, car c'était pour tout le monde une énigme que notre présence à H'Lassa ; on n'y avait jamais rien vu de pareil ; les uns nous disaient Russes, d'autres Mandchoux ; d'autres affirmaient que nous étions des Parsis, il s'en trouvait qui tout simplement nous prenaient pour des hommes extraordinaires de l'ancien temps, revenus par la transmigration. Un grand nombre d'indigènes se présentait pour nous demander des éclaircissements ; nous renouvelions ainsi à chaque instant la déclaration que nous avions déjà faite, et nous en prenions occasion d'annoncer la Religion chrétienne que nous venions prêcher au Thibet.

Au bout de quelques jours, un officier, employé auprès du Régent de l'Etat, vint nous trouver à notre demeure, et nous dit que le prince, désireux de nous voir, nous mandait à son palais ; nous nous y rendîmes à la suite de cet envoyé. Il nous était tout-à-fait impossible de conjecturer ce qui allait résulter de cette entrevue ; mais nous nous sentions remplis de joie et d'ardeur en nous voyant au moment de faire une confession