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et laisser cicatriser de larges plaies causées par le froid durant notre voyage. Destitués de toute protection, nous nous rendîmes, une fois encore, au tribunal chinois, et nous déclarâmes au délégué que nous cédions à la violence, mais que nous dénoncerions, à notre arrivée, et l'iniquité de la sentence qui nous chassait d'un pays libre, et la barbarie dont on accompagnait cet acte arbitraire, barbarie que, vu l'état où nous étions, nous avions droit de considérer comme un attentat à nos jours.

« Après cette protestation, nous fîmes à la hâte les quelques préparatifs de ce pénible voyage. La veille du départ, un envoyé du Régent entra chez nous, et nous remit de sa part deux lingots d'argent ; nous crûmes prudent de refuser cette somme. Sur le soir même, nous nous rendîmes à son palais, nous déposâmes ces lingots sous ses yeux, en l'assurant que cette démarche n'était nullement un signe de mécontentement de notre part ; qu'au contraire nous nous souviendrions toujours avec reconnaissance des bons traitements que nous avions reçus du gouvernement thibétain, pendant le séjour que nous avions fait à Lassa ; que si notre sort eût dépendu de lui, nous en avions la certitude, nous eussions toujours joui dans le Thibet de l'hospitalité la plus tranquille et la plus honorable ; mais que pour cet argent, nous ne pouvions le recevoir sans compromettre notre conscience de Missionnaires et l'honneur de notre nation. (En effet, plutôt que d'accepter les offres d'argent qui nous avaient été faites par diverses personnes de Lassa, pour subvenir aux frais de noire voyage, nous avons préféré vendre jusqu'à des linges d'autel). Le Régent nous répondit qu'il comprenait nos motifs, qu'il n'insistait pas pour nous faire agréer ce présent, mais que pourtant il serait bien aise de nous léguer