Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/648

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ainsi : « Quoi qu'il en soit, tenez pour certain que je vous ferai partir de Lassa. »

« Dès que nous eûmes fait part au Régent des prétentions arbitraires du mandarin chinois, il nous dit que protégeant dans le pays des milliers d'étrangers, il serait assez fort pour nous faire jouir de l'hospitalité qu'il accordait à tout le monde : « Et pour ce qui est de votre religion, ajouta-t-il, elle est loin de nous donner de l'ombrage ; j'ai moi-même dessein de m'en instruire à fond ; si elle est meilleure que la nôtre, nous l'embrasserons volontiers. »

« Il s'engagea donc à notre sujet une lutte de plusieurs jours entre le gouvernement thibétain et le tribunal chinois ; la circonstance de la minorité du Grand Lama favorisait les prétentions du délégué extraordinaire, et il eut le dessus. Le Régent nous annonça lui-même que, seul et privé de l'appui de son souverain, il s'était à regret trouvé trop faible pour réprimer la tyrannie des Chinois qui, depuis plusieurs années, profitant de l'enfance du Grand Lama, s'arrogeaient des droits inouïs dans l'empire. Déjà, en effet, tous les moyens d'expulsion avaient été pris par le délégué extraordinaire : l'officier et les soldats de l'escorte, le jour du départ et la route que nous devions suivre étaient déterminés par son ordre. Notre étonnement redoubla quand nous apprîmes qu'on avait arrêté de nous faire subir les rigueurs d'un trajet de huit mois, pour nous conduire à Canton, tandis que, en nous dirigeant vers l'Inde, vingt-cinq jours de marche nous suffisaient pour arriver jusqu'au premier poste européen. Nous fîmes à ce sujet les plus instantes réclamations, mais elles ne furent point écoutées, pas plus que la demande d'un sursis de quelques jours, pour nous reposer un peu des fatigues de la longue route que nous venions de faire,