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« Par malheur il existe à Lassa un mandarin chinois, envoyé par la cour de Pékin avec le titre de délégué extraordinaire. Il a pour mission officielle de présenter les hommages de l'empereur au Grand Lama, mais son mandat politique est de surveiller les mouvements des peuples voisins, pour en donner avis à son gouvernement. Ce fonctionnaire, jaloux des progrès que faisait l'Evangile, songea aux moyens de mettre obstacle à notre séjour à Lassa ; il essaya de persuader au Régent que nous étions des personnages suspects, qui ne pouvaient être venus dans le pays qu'avec des vues secrètes de politique. Dans l'espoir de découvrir parmi nos effets quelque pièce propre à rendre plausible son accusation, il envoya des gens qui, au moment où nous nous y attendions le moins, mirent les scellés sur tout ce qui nous appartenait et nous emmenèrent au tribunal chinois. Là, après d'humiliants interrogatoires, on apporta nos effets, qui furent mis sous les yeux du mandarin, et par lui minutieusement examinés un à un en présence du Régent. Déconcerté de n'avoir rien découvert qui pût le moins du monde justifier ses injurieuses imputations, il se saisit, pour la forme, d'un paquet de manuscrits, de nos lettres de prêtrise et de plusieurs lettres de famille. Le Régent, satisfait que parmi nos bagages il n'y eût rien qui pût nous compromettre, demanda au mandarin ce qu'il avait enfin à dire contre nous. Celui-ci répondit que le résultat de l'enquête témoignait que nous étions des gens irréprochables et dont on n'avait rien à craindre. Nous retournâmes donc à notre demeure, espérant que les vexations chinoises étaient dès lors finies.

« Quelques jours de paix et de tranquillité semblèrent, en effet, devoir nous confirmer dans cette opinion. Mais le délégué extraordinaire ne pouvait plus supporter,