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Dieu nous envoya tous les jours un soleil bienfaisant et tiède pour tempérer un peu la froidure de l'atmosphère. Cependant l'air fortement oxigéné était d'une vivacité extrême. Il périt beaucoup d'animaux ; notre petit mulet fut du nombre. Les tristes prophéties qui avaient été faites au sujet de M. Gabet se trouvèrent avoir menti : ces redoutables montagnes lui rendirent au contraire la santé et ses forces premières.

« La descente du Tanla fut brusque, longue et rapide ; elle dura quatre jours entiers. Après quelques étapes, nous rencontrâmes des sources thermales d'une extrême magnificence. Parmi d'énormes rochers on voyait comme de grands réservoirs où l'eau bouillonnait avec violence. Quelquefois elle jaillissait en colonne comme si elle fût sortie d'un corps de pompe. Au-dessus de ces grandes sources, des vapeurs épaisses s'élevaient dans les airs et se condensaient en nuages. Ces eaux sont sulfureuses. Les malades thibétains s'y rendent quelquefois de fort loin pour prendre des bains.

« Nous arrivions insensiblement vers les pays habités. Déjà nous commencions à apercevoir çà et là quelques tentes noires dont la vue nous épanouissait le cœur. Les thibétains nomades ne logent pas dans les ïourtes de feutre comme les Mongols, ils demeurent sous de grandes tentes faites avec de la toile noire. Leur forme est ordinairement hexagone : mais le système de perches et de cordages qui les tiennent fixées en terre est si bizarre, que je renonce à pouvoir en donner une idée exacte par écrit. Ce qui dans le monde connu ressemblerait le plus à la tente noire des thibétains, ce serait une araignée monstrueuse qui se tiendrait immobile sur ses hautes et maigres jambes, mais de manière à ce que son large abdomen touchât à terre.

« Les Thibétains nourrissent peu de chevaux, mais