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malgré nos précautions il nous est arrivé plus d'une fois de passer des journées entières, sans qu'il nous fût donné de pouvoir même humecter nos lèvres. Nos animaux n'étaient pas mieux partagés que nous ; presque chaque jour ils ne trouvaient à brouter que des broussailles chargées de nitre et quelques herbes courtes, maigres et poudreuses.

« Les bœufs et les chevaux que les Mongols nourrissent dans l’Ortous, sont misérables et de pauvre mine ; mais les chameaux, les moutons et les chèvres y prospèrent merveilleusement. Cela vient de ce que ces animaux affectionnent d'une manière particulière les plantes nitreuses, et vont se désaltérer volontiers dans les eaux saumâtres.

« Nous étions éloignés du fleuve jaune de dix journées de marche, lorsque nous fimes la rencontre d'une route très-bien tracée et qui paraissait assez fréquentée. Un Mongol nous dit qu'elle conduisait au Tabos-noor (lac du sel). Comme elle serpentait vers l'occident, nous la suivîmes volontiers. Une journée avant d'arriver au Tabos-noor, le terrain change par degré de forme et d'aspect ; il perd sa teinte jaune et devient insensiblement blanchâtre, comme si on l'avait arrosé d'une dissolution de chaux. La terre se boursoufle sur tous les points et forme de petits monticules, où croissent des épines rampantes qui les enveloppent comme d'un épais réseau. Ce qu'on appelle Tabos-noor est moins un lac qu'un grand réservoir de sel gemme, mélangé d'efflorescences nitreuses. Ces dernières sont d'un blanc mat et friables au moindre contact ; on peut facilement les distinguer du sel gemme, qui a une teinte un peu grisâtre et dont la cassure est luisante est cristalline. Le Tabos-noor a au moins deux lieues de circonférence. On voit s'élever çà et là quelques ïourtes habitées par les