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dernière. Elle est entourée de murs, mais le commerce y est si grand qu'il a fini par franchir les remparts. Peu à peu des maisons se sont élevées, de grands quartiers se sont formés en dehors de la première enceinte, et maintenant l' extra-muros est devenu beaucoup plus important que l'intérieur. La ville neuve, peu distante de sa sœur aînée, compte peu d'années d'existence. Elle a un aspect beau, grandiose et qui serait même admiré en Europe. Je parle seulement de l'extérieur. Au dedans les maisons, basses et de style chinois, n'ont rien qui soit en rapport avec les hauts et larges remparts d'alentour. Le commerce d'ailleurs y est de nulle importance. On a beau bâtir des villes avec élégance et à grands frais, on a beau dire ensuite au peuple : « Allez trafiquer là dedans » ; le peuple n'écoute jamais.

« De Koukou-hote nous allâmes à Thagau-kouren (enceinte blanche), ville bâtie sur les bords du fleuve jaune. Thagau-kouren n'a de remarquable que la propreté des rues, la bonne tenue des maisons et le calme qu'on voit régner partout. Son commerce est loin de pouvoir être comparé à celui de Koukou-hote. Toutes ces villes qu'on rencontre dans la Tartarie, à des distances plus ou moins éloignées des frontières de la Chine, sont des marchés très-fréquentés, où se rendent les Tartares de tous les points de la Mongolie.

« Avant d'entrer dans le pays d' Ortous, nous avions à traverser le fleuve jaune. Il venait d'éprouver un affreux débordement, et les eaux n'étaient pas encore rentrées dans leur lit. On nous dit que cette année la crue d'eau avait été retardée et s'était déclarée plus grande que d'ordinaire. Quel parti prendre dans cette fâcheuse conjoncture ? rebrousser chemin ? attendre que les eaux se fussent retirées ? Rien de tout cela ne pouvait nous