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plus il s'élance par sauts et par bonds à travers les précipices, plus aussi le cavalier mongol est à son aise. C'est comme un matelot qui aime à se trouver sur un navire agité par la tempête. Le mongol et le marin, quand ils ont mis pied à terre, se trouvent tout déconcertés et comme jetés hors de leur sphère ; ils ont la démarche pesante et lourde ; la forme arquée de leurs jambes, leur buste toujours penché en avant, les regards qu'ils jettent à droite et à gauche, tout annonce des hommes qui passent la plus grande partie de leurs jours, non pas sur la terre, mais sur un cheval ou sur un navire.

Les solitudes de la Mongolie et la vaste étendue des mers agissent sur l'âme à peu près de la même manière ; leur aspect n'excite ni la joie ni la tristesse, mais plutôt un mélange de l'une et de l'autre, un sentiment mélancolique et religieux qui peu à peu élève l'âme sans lui faire perdre entièrement de vue les choses d'ici bas ; sentiment qui tient plus du ciel que de la terre et qui parait bien conforme à la nature d'une intelligence servie par des organes.

Après quelques journées de marche dans le Thakhar, nous rencontrâmes une vieille ville déserte, ruine imposante et majestueuse. Les remparts crénelés, les tours d'observation, les quatre grandes portes situées aux quatre points cardinaux, tout était conservé. Mais tout était comme aux trois quarts enfoncé dans la terre et recouvert de gazon. Depuis que cette ville avait été abandonnée, le sol s'était élevé et était presque monté jusqu'à la hauteur des crénaux. Quand nous fûmes arrivés vers la porte méridionale, nous dîmes à Samdadchiemba de continuer sa route, pendant que nous irions visiter la vieille ville, comme la nomment les Tartares. Nous y entrâmes avec une espèce de