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aider la dynastie actuelle à faire la conquête de la Chine. Les miliciens qui sont sous les huit bannières, sont tous soldats de l'empereur et, dit-on, les plus valeureux de l'empire. Ce n'est jamais qu'à la dernière extrémité qu'on les met en mouvement. Ils furent convoqués lors de la dernière expédition anglaise, mais on leur fit bientôt rebrousser chemin : en avançant vers le midi, ces pauvres soldats mouraient presque tous de chaleur. D'ailleurs on avait fait réflexion à Pékin qu'il y aurait peut-être de la difficulté à s'emparer de l'escadre anglaise avec une cavalerie tartare.

Le Thakhar est un pays magnifique ; les pâturages y sont gras, les eaux bonnes et intarissables. C'est là que se trouvent les grands troupeaux de l'empereur. Le pays des huit bannières est un des plus beaux que nous ayons vus. Au milieu de ces steppes, point de villes, point d'édifices, point d'art, point d'industrie, point de culture. C'est partout et toujours une prairie, quelquefois entrecoupée de grands lacs, de fleuves majestueux, de hardies et imposantes montagnes ; quelquefois se déroulant en vaste et incommensurable plaine. Alors, quand on se trouve au milieu de ces verdoyantes solitudes dont les bords vont se perdre à l'horizon, on croirait être par un temps calme au milieu de l'Océan. Les blanches tentes mongoles surmontées de bannières qu'on voit se dessiner dans le lointain, sur ce fonds de verdure, font assez l'effet de petits navires aux mais pavoises. Quand une fumée noire et épaisse s'élève de ces ïourtes, on croirait voir des bateaux à vapeur sur le point d'appareiller. Au reste, le marin et le mongol ont entr'eux de frappantes analogies de caractère. De même que le premier s'identifie avec son navire qu'il ne quitte jamais, l'autre en quelque sorte ne fait qu'un avec son cheval Plus le coursier du désert est fougueux et sauvage,