Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/498

Cette page n’a pas encore été corrigée

du récit se termine sur cette note un peu didactique. Dans les sept derniers chapitres de « L’abbaye de Northanger » l’auteur ne fait plus aucune allusion aux romans à la Radcliffe et délaisse l’ironie et la satire pour s’occuper uniquement des disgrâces imméritées, puis du bonheur, de son héroïne.


Œuvre inégale et incertaine, tantôt satire du roman fantastique, tantôt étude de caractères et peinture de mœurs, « L’abbaye de Northanger » occupe une place à part dans l’œuvre de Jane Austen. Sa valeur, en tant que satire, diminua et disparut avec la vogue des ouvrages de Mrs. Radcliffe. Ce qui demeure et ne peut vieillir, c’est la finesse de l’ironie, les contrastes amusants, les situations comiques par lesquels s’exprime une satire dont l’objet a depuis longtemps cessé d’intéresser le public. Il reste toutefois un point à éclaircir au sujet de la partie satirique de « L’abbaye de Northanger ». Ne contient-elle pas une certaine part d’imitation, et Jane Austen ne s’est-elle pas inspirée d’un livre qu’elle connaissait bien, pour écrire ces pages où elle signale les dangers qu’offre le roman de Mrs. Radcliffe ?

L’alerte et lumineuse préface, écrite par Mr. Austin Dobson pour une édition assez récente de « L’abbaye de Northanger », nous dit que Jane Austen « essaya de faire pour le roman à la Radcliffe ce que Cervantes avait fait pour « Esplandian » et pour « Felixmart d’Hyrcanie », ce que Mrs. Lenox avait fait pour « Cassandre » et « Cléopâtre ». [1] Mr. Austin Dobson néglige d’ajouter que Jane Austen, qui connaissait sans doute l’œuvre de Cervantes, connaissait et goûtait très vivement le « Don Quichotte féminin » de Mrs. Charlotte Lenox. Dans « L’abbaye de Northanger » l’imitation de Cervantes est lointaine. Jane

  1. Macmillan’s Pocket Classics. 1897. Northanger Abbey, with an introduction by Austin Dobson.