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plus pour le recommander à la bienveillance générale que sa situation et sa politesse ». [1]

Malgré les solennelles déclarations d’Edmond Bertram et de son père au sujet de l’importance des fonctions pastorales, l’opinion courante de la « gentry » du temps s’exprime dans le persiflage de Miss Crawford. Edmond Bertram essaie d’expliquer à la jeune fille pourquoi il accepte joyeusement et volontairement la carrière à laquelle son père l’a destiné. Il croit tout d’abord que Miss Crawford le blâme d’entrer dans l’Église seulement pour y trouver une position conforme à son rang. Peut-être voit-elle dans la profession d’un « clergyman » une sorte d’apostolat et désapprouve-t-elle ceux qui demandent à l’Église des avantages matériels ? Point du tout. Miss Crawford juge inadmissible qu’un jeune homme consente à être pasteur alors qu’il pourrait être soldat ou marin. Cependant, « s’il est assez dépourvu d’ambition pour entrer dans les ordres, ce serait folie pure que de le faire sans être au moins pourvu d’un bénéfice ». « Un clergyman, ajoute-t-elle, préfère une situation toute prête à une autre qui lui demanderait du travail et un effort constant. Il a les meilleures intentions du monde de ne jamais plus rien faire de toute sa vie, sinon manger et gagner de l’embonpoint. La nonchalance. Monsieur Bertram, la nonchalance et l’amour de ses aises, l’absence de toute louable ambition et trop peu d’inclination pour la bonne société, une irrésistible répugnance à prendre la peine de plaire à qui que ce soit, voilà ce qui fait les pasteurs. Un pasteur n’a rien à faire qu’à négliger sa tenue, penser à soi, lire le journal, observer le temps qu’il fait, et se disputer avec sa femme. Son vicaire fait toute la besogne, et bien dîner est la grande affaire de son existence ». [2]

Bon vivant comme le docteur Grant, ridicule et sot comme le révérend Collins, gonflé de vanité et de prétentions comme M. Elton, d’une bonté un peu pédante

  1. Emma. Chap. XVI.
  2. Le Château de Mansfield. Chap. XI.