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rine de Bourgh et d’être « toujours prêt à célébrer les rites et les cérémonies de l’Église anglicane » oublie dans sa sottise qu’il est superflu de s’humilier ainsi devant la noble châtelaine, et sa « déférence outrée » à l’égard de l’impérieuse personne excite avec juste raison l’étonnement de tous les gens sensés. Qu’il ait obtenu son bénéfice et les avantages matériels qui en découlent par le seul effet de la protection du châtelain ou qu’il ait acheté à celui-ci le droit de toucher les émoluments et les dîmes attachés à sa fonction, il est toujours un ce gentleman » et devrait mieux s’en souvenir.

Cependant, l’évolution qui va s’accomplir au xixe siècle et va placer, quelle que soit sa naissance, un « clergyman » au rang d’un « gentleman » en vertu de ses seules fonctions, ne fait encore que s’indiquer. Nous voyons dans « Emma » le révérend Philippe Elton, recteur de Highbury, admis en égal, grâce à sa qualité de clergyman, dans la société de gens d’une naissance supérieure, et bien accueilli dans toutes les familles de la « gentry ». Mais lorsqu’il ose aspirer à la main d’Emma, celle-ci lui fait sentir la différence qui, en dépit des apparences mondaines, le sépare de Miss Emma Woodhouse : « Peut-être n’était-il pas juste de s’attendre à ce qu’il eût conscience de son infériorité sous le rapport de l’intelligence et de la délicatesse des sentiments. Le fait même de son infériorité était peut-être ce qui l’empêchait de la mesurer, mais comment pouvait-il ne pas voir que, par sa fortune et son rang, Emma était bien au-dessus de lui ? Il devait bien savoir que les Woodhouse habitaient Hartfield depuis plusieurs générations, et formaient la branche cadette d’une très vieille famille. Il devait savoir aussi que les Elton n’étaient rien… Les Woodhouse occupaient de longue date la plus haute place dans l’estime de la société du pays. L’arrivée de Mr. Elton datait de moins de deux ans, et il avait dû se faire accepter, car il n’avait de relations que dans le monde des commerçants et rien de