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gance et la hauteur d’une femme âgée, sottement fière de son rang et de sa fortune, sont des traits qu’on a déjà vus chez Lady Catherine de Bourgh, dans « Orgueil et Parti pris ». Le bon sens de Charlotte Heywood l’apparente à Ellinor Dashwood de « Bon Sens et Sentimentalité ». La jeune fille de Sanditon a néanmoins une physionomie assez intéressante, et les deux vieilles demoiselles auraient peut-être ajouté à la galerie des figures humoristiques peintes par Jane Austen d’amusantes silhouettée.

Jane Austen et les siens avaient espéré qu’au printemps elle pourrait reprendre sa vie accoutumée. Au commencement de 1817, elle se crut un moment près de la guérison. « Je suis presque bien portante, écrit-elle en mars à sa nièce préférée. J’ai maintenant assez de forces pour descendre prendre l’air au jardin. Je fais un peu d’exercice en me reposant entre chaque tour. Mon ambition est d’en faire plus encore à mesure que la saison s’avancera ; je compte faire des promenades à âne, ce qui me donnera plus d’indépendance et sera bien plus simple que si je sortais en voiture. De cette façon, toutes les fois que votre tante ira à Wyards, je pourrai l’accompagner ». Quelques jours après, c’est une autre lettre où elle donne à sa nièce, avec une gaieté et un espoir qu’on sent un peu incertains, des détails sur sa santé et sur sa mine. « Il y a huit jours, je n’allais pas bien du tout : beaucoup de fièvre par moments et des nuits mauvaises. Mais je vais infiniment mieux maintenant et commence à reprendre bon visage. Je n’étais pas belle, ces temps derniers, avec un teint barbouillé de blanc, de noir et de toutes les couleurs les plus bizarres. Je n’ose me flatter de l’espoir de jamais retrouver ma fraîcheur. À mon âge, la maladie est une fantaisie qui coûte cher ». Comme au temps où elle n’oubliait pas d’apprendre à sa sœur qu’à certain jour elle avait été en beauté, elle parle maintenant à sa nièce des ravages de la maladie. Saurait-on trouver quelque chose qui nous éclairât mieux sur la jeune vanité et le