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même, car elle s’appelle Fanny ». Au milieu de novembre, elle écrit à sa nièce pour lui annoncer une bonne nouvelle : « Vous serez contente d’apprendre que la première édition du « Château de Mansfield » est épuisée. Votre oncle Henry voudrait que j’aille à Londres faire le nécessaire pour une seconde édition, mais… je lui ai signifié ma volonté et mes intentions et ne partirai pas, à moins qu’il ne me fasse beaucoup d’instances. Je suis avide d’argent et veux tirer le plus de profit possible de mon livre. Mais, comme vous êtes bien au-dessus des considérations d’intérêt, je ne vous ennuierai pas de ces détails. Les plaisirs de la vanité sont de ceux que vous pouvez mieux comprendre, et vous vous associerez à celui que me donnent, de temps en temps, des louanges envoyées de beaucoup d’endroits différents ». Aux compliments de sa nièce, elle répond : « Je vous remercie, rien n’est encore fixé et je ne sais si je vais courir les risques d’une seconde édition. Nous allons voir Egerton aujourd’hui et l’on décidera de l’affaire. Le public a plus de tendances à emprunter mon roman et à l’admirer qu’à l’acheter, ce dont je ne saurais m’étonner. Mais bien que je sois aussi sensible à la louange que personne au monde, j’apprécie néanmoins ce qu’Edward appelle « du vil métal » (Pewter). [1]

Cette seconde édition ne parut pas en 1814, mais seulement à la fin de 1815. Elle fut confiée aux soins du fameux éditeur Murray, auquel Jane Austen s’était adressée quelques mois plus tôt pour la publication d’« Emma ». Ce fut Murray qui lui communiqua le premier article de critique inspiré par son œuvre. [2] En remerciant son éditeur de cette attention, elle ajouta avec quelque désappointement : « L’auteur d’« Emma » n’aurait pas à se plaindre de la façon dont le critique l’a traitée, si celui-ci n’avait entièrement omis de mentionner « Le Château de Mansfield » dans son article. Je ne puis m’empêcher de regretter qu’un écrivain aussi capable que le

  1. Lettres. 30 novembre 1814.
  2. Voir : Quarterly Review. Octobre 1815.