Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

vie monotone avait cependant sa gaieté aussi bien que sa douceur. Chawton n’étant pas loin de Steventon pour qui pouvait suivre à cheval des chemins de traverse impraticables aux voitures, James Austen, accompagné d’un de ses enfants, venait souvent au Cottage. Anna, sa fille aînée, eut ainsi l’occasion de voir fréquemment ses tantes et de se lier avec la plus jeune d’une très vive amitié. « Ce fut au cours de ces années, écrivit-elle plus tard, que je fis vraiment connaissance avec ma tante Jane. Les dix-sept ans qui nous séparaient semblèrent alors se réduire à sept, puis à rien. Mon grand amusement, pendant un séjour que je fis un été à Chawton, était d’aller chercher des livres à la bibliothèque d’Alton. Quand j’avais parcouru ces livres, je tournais en ridicule les aventures qu’ils contenaient pour divertir tante Jane tandis qu’elle travaillait à quelque ouvrage d’aiguille, presque toujours destiné aux pauvres. Ce jeu nous amusait beaucoup toutes deux et ma tante Cassandre s’y intéressait aussi, quoique moins vivement. Mais parfois, comme nous débitions des folies, elle ne pouvait tenir son sérieux et nous priait de ne pas tant la faire rire». [1] L’animation pénétrait aussi à Chawton avec la visite des enfants du châtelain. « S’il dut y avoir au Cottage bien des heures de silence pendant lesquelles Fanny Priée, Emma AVoodhouse ou Anne Elliot grandirent en intérêt et en beauté, j’ai bien peur que mes sœurs, mes cousins et moi, raconte Mr. Austen-Leigh, n’ayons bien souvent, pendant nos visites à Chawton, troublé ce mystérieux travail. Nous n’avions d’ailleurs pas la moindre idée de l’occupation qu’interrompait notre présence et il nous aurait été impossible d’en rien deviner, car aucun signe d’impatience ni d’irritation n’échappa, en aucune circonstance, à l’auteur que nous dérangions ». [2] Lorsque Jane Austen eut retrouvé les longues heures de loisir qui lui étaient nécessaires, le premier travail

  1. Cité par C. Hill, « Jane Austen, lier homes and her friends ». Page 195.
  2. Memoir. Page 97.